Hard mode : je vais me concentrer sur le fait de démonter les bouquins, la série c'est trop facile.
Alors, tout d'abord, je pense que Le trône de fer (Game of Thrones en version originale) est, comme tous les torchons de fantasy, un tissu imbibé de clichés, en particulier raciaux. En clair, comme toujours, l'action est centrée sur une société inspirée de l'époque médiévale occidentale, censée exister depuis des millénaires. Mais naturellement, c'est très ethnocentrique. Ainsi, naturellement, on retrouve des peuplades "sauvages", comme les dothrakis, qui sont inspirés de façon évidente par les Mongols, qui ne savent que faire la guerre et détruire les autres civilisations. Et plus à l'est, on trouve des Orientaux, qui naturellement s'avèrent être fourbes et traîtres. Et lorsqu'il y a un Oriental qui loue ses services à un personnage de Westeros (le continent central), c'est naturellement contre une importante somme d'argent, et contre la promesse de pouvoir "violer la reine". Donc de ce point de vue là, d'ailleurs, la plupart des scènes qui se passent hors de Westeros servent à rappeler que, bien que les rivalités entre factions soient "dures", les autres civilisations ne sont guère mieux. Et tout ceci sert de prétexte à mettre en scène une Aryenne aux prises avec cette sauvagerie (sans oublier qu'elle descend d'une lignée qui, en chevauchant des dragons, a amené la paix sur Westeros. Ben voyons.).
De plus, c'est vendu, souvent, comme un des fleurons de la dark fantasy, qui s'éloigne des sentiers battus. Certes, mais bien souvent cette critique émane de personnes qui ne connaissent rien à la fantasy d'une façon générale. De fait, la dark fantasy se repère généralement au fait qu'il n'y ait pas de personnages "extrêmes", ni vraiment "bons" (type Aragorn), ni vraiment "mauvais" (type Sauron ou Morgoth). C'est vrai, mais c'est un peu une arnaque, car Le Trône de Fer n'innove pas tellement. Par rapport à des oeuvres comme celle d'Howard (Conan notamment), on est loin du cri primal et de la libération des pulsions qui est propre aux univers de Sword and Sorcery. D'autant que l'érotisme tellement vanté pour la série (et qui flirte avec la pornographie) est finalement assez absent dans les livres, et assez mal décrits. C'est un peu comme si Martin, frustré dans l'écriture, s'était simplement lâché dans la série pour gagner de l'audience. Ce qui conduit à penser que finalement les livres ne sont pas si biens que ça.
Car c'est vrai, au final, quel est l'apport du Trône de fer? Au final, ce qui est le plus marquant, c'est davantage la stratégie marketing réussie (qui fait qu'à l'heure actuelle, toute la geekosphère est forcée de se positionner par rapport à la série), que l'originalité particulière de l'intrigue. Pour preuve, le retour de la magie, qui se fait ressentir dans les livres, laisse à penser que les rebondissements nous ramènent tout droit vers de la fantasy bateau. C'est un peu dommage, dans une série où les premiers tomes présentent un jeu d'échecs implacables entre des [personnages rationnels. Tout ça pour qu'au final, ce soit des dragons et des vieilles légendes enfouies qui ressurgissent et viennent balayer tout ça (attention, je n'ai lu que le tome 2 de l'intégrale).
J'évoquais la stratégie marketing. Effectivement, elle est réussie, pour la série : présence à la Comic Con de San Diego, DVD et Blu-Ray avec beaucoup de contenu. Mais au final l'édition française laisse un peu sur sa faim : les appendices présentant l'univers de façon approfondie ont été retirés (mais de fait, ça ne manque pas à l'intrigue. Du coup on peut se demander dans quelle mesure du coup ces appendices sont nécessaires, narrativement parlant), et surtout, on a en France deux éditions, une qui reprend la structure des tomes américaines, et une qui découpe chaque "livre" (que l'on trouve dans ces tomes) et les vend indépendamment. De fait, ce type d'édition est assez malhonnête, à mon sens... Mais bon, je suppose que ça se vend.
J'ai gagné?